Journal de guerre du 13e escadron

Un récit quotidien

Le journal de guerre du 13ème Escadron de Réparation Divisionnaire commence le 10 mai 1940 à Caudry avec la « Manœuvre Dyle ». Il décrit l’activité de l’escadron:

  • la bataille de blindés en Belgique du 10 au 17 mai 1940,
  • le périple dans les départements du Nord et du Pas-de-Calais, de Caudry à Dunkerque du 18 au 27 mai,
  • le passage vers l’Angleterre (« opération Dynamo »),
  • le regroupement à Conches-en-Ouche du 6 au 10 juin,
  • Le cantonnement à Port-Boulet sur la Loire le 14 juin et la route vers le sud,
  • Le cantonnement à Villebrumier du 23 juin au 7 août 1940.

Extraits du journal du 13e escadron

LUNDI 13 MAI 1940
En Belgique, les trois P.D., après ravitaillement, assurent des dépannages de chars. Le 1° P.D. travaille dans la Région de RIXENSART et rentre à FONTENY dans la journée. Les 2° et 3° P.D. arrivent à BORNIVAL vers 9 heures 1/2. Le 2° P.D. se ravitaille et repart immédiatement: il opère dans la région au Nord de GEMBLOUX et cantonne à MARBAIS (entre SOMBREFFE et HOUTAIN LE VAL). Le 3°P.D. répare quelques incidents mécaniques et repart en direction de WAVRE au Nord-Est de GENAPPE. L'aspirant CHANY vient en liaison avec le Capitaine à INCOURT au P.C. de la D.L.M. Ayant effectué un dépannage de chars au Nord de WAVRE, il repasse les ponts de la Dyle juste avant qu'ils ne sautent. Il cantonne à FONTENY le soir même. 
Pendant ce temps, le Capitaine d'ANDOQUE récupère par le plus grand des hasards les 15 chars du Volant expédiés de CAUDRY sur ordre de l'Armée et débarqués à SOMBREFFE sans aucun préavis. Ces chars cantonnent sur place sous le commandement du Maréchal des Logis Chef BUSIN du 2° Cuir [abréviation de Cuirassiers]. Le Sous-Lieutenant PHILIPPE passe la journée à BORNIVAL et téléphone à CAUDRY d'envoyer des pièces de rechange et une roulante pour organiser le cantonnement à FONTENY. Le Capitaine d'ANDOQUE couche à la Division à INCOURT. 
En France, à CAUDRY, le 13 Mai, embarquement des pièces de rechange réclamées et expédition des camions, avec 50 permissionnaires sous les ordres du Maréchal des Logis KLEIN. On répare les 4 chars laissés par le 1° Cuir. à VALENCIENNES et CONDE.

VENDREDI 24 MAI 1940
A cette date, la situation très confuse de la D.L.M. est à peu près la suivante: la Base a fait mouvement de NEUVECHAPELLE à LE MAISNIL (7 km. Ouest de NEUVECHAPELLE et Sud d'ARMENTIERES); les T.C. sont encore au Nord de BETHUNE à LOCON et aux ESSARS (où le Brigadier-Chef BON assure une liaison pour savoir s'ils se replient). Le P.C. de la D.L.M. et les P.C. des régiments de la 5° B.L.M. sont dans la région LENS-CARVIN où ils se sont repliés à la suite des combats livrés la veille à VIMY et SOUCHEZ. Les Colonels Commandants les T.R. et les éléments non combattants sont à la Rue du Bois (W. de HAZEBROUCK) d'où ils se replieront dans la journée sur BERTHEN et BOESCHEPE (Nord de BAILLEUL). Le reste du T.C. du 12° Cuir. (Aspirant BELPOMME) est au pont de NIEPPE (entre BAILLEUL et ARMENTIERES).
A MERVILLE, grosse agitation, principalement chez les Anglais. On entend la canonnade dans la forêt de NIEPPE. Dans la matinée quatre gros transports d'aviation viennent déposer de l'essence sur le camp d'aviation déjà déserté ! Les bombes allemandes y mettront partiellement le feu ; l'E.R.D s'en servira pour son propre ravitaillement. 
Quelques renseignements qui se recoupent indiquent que les Allemands sont à St VENANT (avant 10 heures du matin) et qu'ils progressent en direction de HAZEBROUCK et MERVILLE ? Vers 9 heures le Capitaine de PONTBRIAND, du dépôt de St-OMER, était arrivé de LILLE à la recherche de renseignements pour la 1° Armée: il était parti en patrouille, après avoir recueilli à MERVILLE ce qu'on savait, sur HAZEBROUCK et St-OMER par la forêt de NIEPPE. Il rentre au début de l'après-midi ayant pris contact avec l'ennemi à WALLONCAPPEL où une arme antichar allemande a détruit sa première voiture et son équipage. Il repart en patrouille vers la forêt de NIEPPE avec en renfort des motos qui l'ont rejoint. 
Le Capitaine d'ANDOQUE ayant envoyé le matin à la Rue du Bois un message demandant au 1° Cuir. de lui envoyer un Officier de Chars pour prendre le commandement, des chars réparés, vers l2 heures arrivent le Capitaine AMEIL et le Lieutenant NEVEUX. Avec 2 S. et 3 H. (ainsi que quelques motos qu'ils ont amenées), ils partent en patrouille à 14 heures sur HAVERSKERQUE. Le Capitaine AMEIL prend le contact à LE SART (2 km. W. de MERVILLE) et repousse l'ennemi vers Saint-VENANT.
Pourquoi écrire un journal de guerre?

Dépourvus de tout commentaire ou toute appréciation personnelle, en conformité avec l’instruction du 5 décembre 1874 qui les a institués, les Journaux de Marche et d’Opération.(J.M.O.) devaient servir à la rédaction d’un historique d’ensemble, destiné à maintenir la valeur morale de l’armée. La tenue des JMO est confiée à des officiers. Les JMO sont conservés par le Service Historique de la Défense.

On peut penser que le Capitaine d’Andoque de Sériège, officier chevronné, qui a rejoint le 9° Dragon en août 1940 est « l’instigateur » de ce journal, sans doute rédigé après les hostilités, en vue de favoriser l’affectation de ses officiers à l’armée de l’armistice.

Alors, l’aspirant Chany, bachelier et étudiant en licence en Droit à Lyon avant la guerre, et qui l’avait suivi un temps au 9e Dragons, a pu être l’un des rédacteurs principaux et en aurait naturellement conservé un exemplaire.

dc 19-4-22